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6 février 2014

Pegase: « Mon album aurait pu sortir en 1979 »

par rédaction Tsugi

Ex-Minitel Rose, co-fondateur du label Futur Records, le Nantais Raphaël d’Hervez sort le premier album de son projet solo, Pegase. On l’a rencontré pour le prochain Tsugi (en kiosque début février), difficile de résister à quelques questions bonus! 

Tu as fait partie du groupe Minitel Rose et tu te lances dans une aventure solo. Flippant ?

Je suis assez solitaire, j’aime bien être en studio tout seul, sans aucun recul : tu joues un truc, tu arrêtes parce que tu trouves ça nul, alors que si tu avais eu un pote avec toi peut-être qu’il t’aurait dit que c’était mortel. Tout devient subjectif. Parfois, tu as quand même de gros moments de doute où tu sens que tu aurais bien besoin d’un autre avis. Avoir un groupe ou être en solo, ce sont deux expériences très différentes, mais vraiment géniales l’une et l’autre. Mais ce qui est vraiment super, c’est de passer du temps sur des morceaux, et les jouer en live avec des musiciens qui sont des potes. Ce côté chef d’orchestre est dingue.

Justement, comment ça se passe en live? 

Le son sera identique à l’album. J’ai beaucoup travaillé à ce que les gens retrouvent exactement l’expérience qu’ils ont eu en écoutant le disque chez eux. J’ai échantillonné tous mes claviers, tous mes sons, pour les ramener sur scène. La seule différence, c’est qu’on est cinq, ça apporte vraiment plus de puissance. On travaille avec des samplers et quatre claviers qui déclenchent des échantillons. Comme j’ai commencé dès le début de Pégase à travailler sur le live, les musiciens m’influencent, je pense à eux quand je compose une ligne de basse ou un rythme.

(Peu de temps avant l’interview, un photographe a évoqué le genre « electro-pop » pour parler de la musique de Pegase. Il a eu l’air mal à l’aise) C’est électro-pop qui te gêne ou la notion de genre en général ?

J’aime bien quand un genre définit une époque. Mais sinon, je déteste ça, ça peut te mettre avec d’autres artistes que tu n’aimes pas forcément. Quand j’écoute de la musique, j’écoute un artiste, pas un genre. Par exemple, je suis hyper fan de Machinedrum. Mais je l’écoute lui, pas de l’électro-dubstep-je-sais-pas-quoi…

Qu’est-ce que tu écoutes quand tu composes ?

Ce matin, un journaliste m’a demandé si j’écoutais de la musique asiatique. C’est vrai que j’en écoute beaucoup, j’étais impressionné ! Surtout qu’il faut l’entendre sur le disque, ce n’est pas évident. On me parle plus souvent de la scène UK, alors que je connais très mal. Sauf peut-être un peu du rock psyché ou du New Order… Mais niveau pop anglaise, je suis naze. Même en musique actuelle : je n’ai jamais écouté un disque d’Arctic Monkeys. J’ai plutôt tendance à écouter des trucs éloignés de mon univers. Déjà qu’on me dit parfois qu’un morceau ressemble à tel groupe… Le plus souvent, je ne connais pas ce groupe, mais j’écoute les mêmes artistes que lui, on a les mêmes influences. Pour moi, l’originalité est très important. Sur un projet comme Pegase, je fais tout d’une manière sincère et personnelle, du coup ce sera moi et pas quelqu’un d’autre : c’est original de cette manière là.

Il y a aussi un petit côté années 80, non ?

C’est une période que je connais très mal finalement, je n’ai pas l’impression de m’en inspirer. Par contre, le matériel des années 70 et 80 est incroyable. Maintenant, on fait de la musique avec des 1 et des 0, avec du plastique. Je ne suis pas bloqué dans le vintage, ou anti-ordinateur. Je ne crache pas là-dessus, j’en utilise aussi. Mais j’aime me dire que je peux être dans mon studio et faire de la musique sans allumer mon ordi. Ces vieilles machines étaient faites pour durer. Aujourd’hui, tu as trois synthés qui sortent par an. A l’époque, il y en avait trois par jour… Les musiciens disaient « c’est le futur ». Pour moi, c’est toujours le futur.

Un coup de cœur récent ?

J’ai eu une super belle claque au live d’un groupe qui s’appelle Cold Pumas, avec un batteur chanteur. Ça fait toujours un peu flipper, tu penses tout de suite à Phil Collins… Mais le mec arrive. Il est très roux, avec une espèce de bouc ultra bien taillé, une chemise bien trop petite pour lui… Et il n’est pas là pour déconner. Au bout de 3 minutes, tu ne vois que lui, il a une espèce de prestance. J’ai survolé l’album, ça a l’air bien plus rock en live. Je suis pas du genre à me mettre devant et faire des pogos… Mais là je pense que certains ont encore des bleus !

Sinon, j’ai vraiment adoré le dernier album de Daniel Avery. Ce n’est pas un disque très original, mais il est conçu comme un album de pop, avec une histoire. Pourtant il n’y a que 4 lignes de texte. Mais j’adore le matos qu’il utilise. En pleine mode du retour de la house, il y a ce mec qui se pointe… Il y avait vraiment besoin d’un disque comme ça. Il aurait pu sortir il y a 10 ans ou dans 10 ans. C’est ce que j’espère avec ma musique. Vu le matériel que j’ai utilisé, l’album aurait pu sortir en 1979. Mais j’espère qu’il sera toujours d’actualité dans 10 ans !  

L’album éponyme de Pegase est sorti le 3 février. Ne loupez pas les release parties, le 8 février au Stereolux (nantes) et le 12 février au Nouveau Casino (Paris) ! 

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