“Ah, ça joue !” En y jetant une oreille distraite, on pour­rait effectivement balancer ce commentaire volon­tiers moqueur au sujet de ce premier album. Eh oui, les musiciens de ce groupe anglo-nigérian dirigé de main de maître par la chanteuse Eno Williams sont très gourmands quand il s’agit d’empoigner les ins­truments. Ce qui leur autorise quelques sympathiques solos super­fétatoires. Mais on les excuse bien volontiers tant on est pris par ce funk lourd aux racines africaines.

Sous ses airs de machine à danser, Ibidio Sound Machine cache un concept-album, puisque Williams a mis en musique des contes que lui lisait sa mère en langue ibibio, d’où le titre et leur nom, vous avez compris. Très loin de nous entraîner dans les bras de Morphée, cette version musicale va plutôt nous tenir éveil­lés jusqu’au bout de la nuit. Frappé du sticker qualitatif “découvert aux Transmusicales de Rennes” (les dernières), Ibibio Sound System passe maintenant l’épreuve du disque. Ce qui n’empêche pas de nous donner furieusement envie de les voir sur scène. Où ça devrait “jouer” encore plus. (Patrice Bardot)