On ne peut qu’être inquiet lorsqu’un album démarre avec le très souvent entendu et un peu kitsch monologue de Charlie Chaplin dans The Great Dictactor. Mais ici, le choix s’explique. N3rdistan a publié la semaine dernière son premier disque homonyme. A travers ce long-format, Walid Benselim et Widad Bronco – co-fondateurs du groupe – chantent des textes et poèmes à la gloire de la liberté. On retrouve ainsi les mots d’auteurs tels que Nazek El Malaeka, défenseure des droits de la femme au Moyen-Orient. De Verlaine, aussi, ou encore de Nizar Kabbani, surnommé « le poète de la femme ».
L’engagement est inhérent à ce projet musical : Widad Broco se targue en effet d’être la première femme à rapper dans le monde arabe. Un acte dont la force et la portée transparaîssent à travers ce disque revendicatif, qui s’écoute comme une longue ode à la liberté. Renforçant la vigueur de cet engagement, le groupe propose des instrumentales intenses, presque cinématiques. Une tendance parfois poussée à sa caricature, avec des morceaux comme « Maliha » ou « Hwal Nass / Mehdi Koman ».
Mais plus généralement, au fur et à mesure que ce disque avance, on y découvre une palette artistique variée. N3rdistan navigue entre les sonorités, avec des touches de rap, de trip-hop, de dubstep. Le tout baigné dans des influences orientales, particulièrement prononcées sur des titres tels que « Sarab ». D’ailleurs, les chants en arabe viennent généralement renforcer ce sentiment de rencontre entre deux cultures musicales : une occidentale, l’autre marocaine, là où N3rdistan trouve ces origines.
Sur sa page Facebook, les musiciens ont tenus à situer le N3rdistan. Et si ce pays existait vraiment, il serait donc situé en pleine mer, loin de toute côte. Un symbole fort pour ce groupe à la croisée des influences et des sonorités. Mais dont la force de l’engagement peut-être entendue par tous.
Retrouvez N3rdistan le 11 avril à la Barbara FGO (Paris)
Pour écouter l’album :