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14 juin 2013

Tricky, l’interview culte

par rédaction Tsugi

Il vient de sortir un excellent nouvel album, et il nous a expliqué son rapprt à la notion d’icône culturelle. Oui, on parle bien de Tricky !

Ton album culte ?

Le premier album des Specials. J’y ai découvert des types originaires de quartiers populaires normaux et authentiques, qui parlaient de choses qui me touchaient vraiment. Je n’ai jamais retrouvé cette sensation avec aucun autre groupe.

 

Ton morceau culte ?

Il y en a plusieurs :  « Concrete Jungle », « Too Much Too Young » et « Nightclub » des Specials. Mais aussi « Bring The Noise » de Public Enemy, parce que ce titre a changé la face de la musique.

 

Ta chanteuse culte ?

Billie Holiday, personne ne peut l’atteindre. Elle est universelle, avec une voix qui relève du spirituel. Il y aussi Kate Bush, qui ne sonne comme personne. En l’écoutant, je me demande vraiment de quelle planète elle vient.

 

Ton producteur culte ?

Honnêtement, je n’en ai pas vraiment un. Si je devais quand quand même choisir, je dirai Eric B pour le travail qu’il a fait sur le premier album de Rakim.

 

Tu penses donc que le rôle de producteur n’est pas aussi important qu’on pourrait le penser aujourd’hui?

Je considère aujourd’hui que les producteurs travaillent plus pour l’argent que pour la musique. Ils sont obsédés par les radios : la majorité des plus « grands » du genre ont atteint cette renommée de par leurs ventes énormes, sauf que des gros chiffres ne peuvent pas faire une personne. Les producteurs sont beaucoup trop à la mode depuis quelque temps. Jamie XX par exemple : je ne connais pas exactement ce qu’il fait, c’est un gamin cool,  mais toute la hype qui l’entoure me parait un peu exagérée. Il n’amène rien de nouveau. Si un producteur devrait être culte, il serait novateur.

 

Tu as regardé beaucoup de films d’horreur étant plus jeune, quel serait ton film d’épouvante culte ?

Dracula ! La version avec Garry Oldman, il y est incroyable dedans. Il y a aussi « L’Ombre Du Vampire » avec William Dafoe, ou « L’Echelle De Jacob » de Adrian Lyne. Ces films ont d’ailleurs largement influencé ma musique.

 

Ton endroit culte ?

La Russie. C’est un endroit incroyable, dans lequel on a le sentiment que le temps s’est arrêté. Les gens que j’ai rencontrés là-bas ont le sentiment que la vie est courte, ils essayent donc de vivre pleinement. Je garde d’excellents souvenirs de ce pays.

Dans ton dernier album, tu réfutes l’idée d’idole. Mais est-ce que à un moment tu as déjà eu toi-même une idole culte ?

Absolument pas. J’admire et je respecte sincèrement certaines personnes mais je n’ai jamais mis quelqu’un sur un piédestal. Seule Billie Holiday pourrait peut-être en faire partie : c’est une énorme inspiration pour moi, et elle a un tel vécu après tout ce qu’elle a fait, que je pourrais faire un écart. Je la considère bien plus comme une possible idole que Jésus Christ ! Mais comme le titre de mon album l’indique, il y a beaucoup trop de fausses idoles aujourd’hui : énormément de gens courent après cette reconnaissance, et l’industrie musicale se base plus sur les icônes que sur le talent.

 

Cette façon de penser te semble mauvaise ?

Oui, je ne trouve pas ça particulièrement sain. Il faut d’abord s’aimer soi-même. On peut apprécier la musique d’un autre, mais pas ce qu’il fait ou comment il se comporte. Comment peut-on idolâtrer quelqu’un que l’on ne connait-même pas ?

 

Tu es donc contre les phénomènes de mode?

Je ne suis pas contre, c’est plutôt lorsqu’on nous dicte ce qui doit être à la mode que ça devient dérangeant. Je m’habille comme j’en ai envie, sans faire les choses pour être dans le coup. A l’antipode d’un Kanye West qui pense que de par son succès il doit s’ouvrir à tout ce monde. Je suis allé une seule fois à un défilé, et ça ne m’a absolument pas plu. Ces histoires de fashion week et de trucs en vogue me passent complétement au dessus. Faisons ce que nous avons envie.

 

Ta nourriture culte ?

La cuisine asiatique, je pourrais manger du riz tous les jours. Et la cuisine Jamaïcaine, je dois surement ça à mon père né là-bas.

 

Ta boisson culte ?

De la bière avec de la limonade. Je crois que les français  appellent ça du Panaché.  

 

Propos recueillis par Brice Bossavie

 

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