We Love Green : FKA twigs, Charli et les autres|LIVE REPORT

par | 9 06 2025 | live report, A la une

We Love Green vient de lancer la saison des grands festivals, en offrant un week-end chargé en grands moments de live, d’une étonnante créativité et diversité musicale… Et d’une énergie BRAT assumée. On vous emmène.

Hostilités lancées ! L’été des festivals a officiellement débuté ce week-end avec We Love Green, qui accueillait trois jours de fête à Vincennes. Avec en son centre, un événement : un live de Charli XCX, pour prolonger le BRAT Summer pile un an après la sortie de l’album phénomène. Et pourtant, la reine de Vincennes ne fut pas forcément celle qu’on attendait (en tout cas dans nos coeurs)

We Love Green, We Love BRAT

Evacuons le sujet, parlons de l’éléphant dans la pièce. Le très joli coup We Love Green pour cette édition, c’était donc Charli XCX. L’effervescence autour de l’album BRAT, qui fêtait son anniversaire ce samedi, n’est jamais retombée. Mieux : la promesse de son passage à We Love, c’était de relancer le BRAT Summer. Une foule immense s’est tassée devant la Main Stage, elle en a eu pour son argent.

Charli enchaine les tubes, de « 365 » à « Vroom Vroom » en passant par « Apple », « Club Classics » ou « party 4 u ». Quel spectacle, sur scène c’est une sale gosse en culotte et lunettes de vitesse Y2K, qui a cassé la pop mondiale. En supplément, la Britannique a carrément léché la scène ! Super argument en faveur du Brexit.

Un peu plus tôt, Charli XCX avait surpris son monde en rejoignant AIR sur la scène de la Clairière, pour interpréter avec eux ‘Cherry Blossom Girl’. Slay. Un mini choc pour le public, sauf pour tous les quinquas qui ignoraient clairement qui était la dame. Le classieux duo français a livré un live élégant, bien encadré par une scéno canon. « Sexy Boy », « Kelly Watch the Stars » et « La femme d’argent » sont toujours des monuments, ça bouge pas.


We Love Electronics

Le week-end a été marqué par une belle programmation électronique. Sous ce même chapiteau de la Clairière, Gesaffelstein a donné un live à l’image de son album Gamma publié l’an dernier. C’est brut, industriel avec des kicks agressifs et des claviers bien métalliques, c’est sombre comme la nuit malgré les lasers, les jeux de lumières et sa dégaine de méchant de comics.

Sous la Clairière, Paul Kalkbrenner a ravi ses afficionados, sans surprise mais solide. Mais c’est bien la scène Laland qui était, encore cette année, le théâtre des opérations « musiques électroniques ».

On y a vu de très belles prestations, sous la fournaise de cette serre-verrière : Soyoon, qu’on avait eu l’occasion d’interviewer avec Tsugi Radio aux Escales, a remplacé au pied-levé Didi Han pour lancer le week-end de la scène Laland avec sa house sauvage et transpirante. Même chose pour les petits gars de Halfpipe Records, qui ont lâché des bangers dès le créneau 14h-17h, mix parfait entre électronique et culture urbaine. On les retrouve tout bientôt sur tsugi.fr.

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Le passage de Roni fut assez impressionnant : la très grande fête, bass music à fond de balle, deep et toujours club. On vous l’avait vendue comme une « bass face et gun hands » ; on n’a pas menti. Elle a passé le flambeau à u.r.trax, qui était venue pour tout casser. Le set le plus en accord avec l’esprit BRAT qui planait sur la soirée. Constat similaire pour l’Américaine Chloé Caillet ! C’était un de nos meilleurs moments électronique au Sziget l’an dernier, et on a pu vérifier à Paris que la recette était toujours efficace. Elle tire vers l’acid, joue son remix de ‘Somebody Else’s Guy’… Nouba totale.

On reviendra par à-coups à la scène Lalaland, pour voir des bouts de Marcel Dettmann, Avalon Emerson, Horsegiirl, Kavinsky ou encore BICEP.


Dans le bouyon

Ce week-end de We Love Green aura aussi confirmé l’importance grandissante des Antilles dans la culture musicale française, via le shatta et le bouyon -entre autres.

Preuve en est avec Maureen, qui était programmée en 2023 sur la petite scène Think Tank. Deux ans plus tard là voilà de retour cette fois sur la grande scène. Dans le public on s’est mis à danser très fort tandis que Maureen enchainait ses hits, de « Tic » à « Daddy », de « Jiggle » à « Auto », en passant par « Money Pull Up » avec Blaiz Fayah et « Laptop » (mais sans Kalash). De Baby Mama, Maureen est devenue Bad Queen.

Chinwax, illustre DJ et producteur martiniquais a enflammé la scène Think Tank, faisant monter très haut la température avec « Vespa », « Shatta » ou « Banana ». On est restés tout le long, pour voir Madagascar débarquer dans la place. Autre artiste qui a tout explosé cette année avec du bouyon, sans toutefois être antillaise : Theodora, qu’on avait hâte de voir en live pour constater le phénomène.

Evidemment, la Suissesse a fait hurler la foule sur « Kongolese sous BBL ». La voix est droite et le charisme est évident, dans la foule les bassins se détendent. Elle ramène sur scène Chilly Gonzales, Luidji et Juliette Armanet pour chanter leur feats respectifs. Juliette s’est même agenouillée devant la Boss Lady.

Plus étonnant encore dans la mouvance bouyon ? On vous donne VALD. Fin mars dans son nouvel album PANDEMONIUM, Valentin dévoilait le track ‘PROZACZOPIXAN’ qui empruntait clairement au bouyon (ce qui avait d’ailleurs crispé de nombreux auditeurs).


Grandes scènes pour gros spectacles

Car parmi les concerts sur la Main Stage ce week-end, celui de VALD a marqué les corps et les esprits. Sullivan était venu pour choquer. Ou en tout cas se rappeler au bon souvenir de toutes celles et ceux qui seraient passés à côté de sa « nouvelle direction artistique ». Car fin mai, VALD a sorti la réédition de son récent album : PANDEMONIUM RELOADED, construit en compagnie de Todiefor et Vladimir Cauchemar, renverse toute la table. Chaque morceau est retravaillé mais poussé vers un style bien plus radical, jusqu’au hardcore et à la fast techno.

Et il nous a complètement retournés. Alors avant de se plier aux tubes d’avant, « Ma Meilleure amie », « Désaccordé » et « Journal Perso II », VALD et sa bande se sont faits plaisir. Sur PROZACZOPIXAN justement, la version originale est d’abord jouée. Avant d’enchaîner sur la version reloaded au milieu des flammes, lancée après avoir scindé le public en deux pour se retrouver sur le drop. La vidéo est juste ici.

Merci Valentin (j’ai perdu mon dos ici-même).

Sur cette même grande scène, on entendra de très bons passages : Parcels et Clara Luciani, qu’on s’est permis d’écouter de loin, tant on les avait avait maintes fois vus (et souvent adorés) en festivals. SDM et Tiakola sont venus confirmer leurs statuts de nouvelles très grosses têtes du rap français, en n’oubliant pas de célébrer comme il se doit la victoire du PSG en Ligue des Champions, en faisant crier au public quelques chants de supporter. Les Londoniens d’Ezra Collective ont fait danser la foule sur des cuivres irrésistibles et sur les breaks de batterie du charismatique Femi Koloseo. Super argument en défaveur du Brexit.


FKA twigs et les autres

Mais le spectacle le plus sensationnel du week-end (avec une confortable marge) est arrivé avec FKA twigs. Une heure de show, c’était beaucoup trop court pour cette démonstration. L’étape de son dernier album, EUSEXUA, a été déterminante. La scénographie est faite de cubes empilés, dans lesquels se faufilent une armée de danseurs-danseuses, contorsionnés comme des serpents. Les tableaux et chorégraphies, les lights, c’est superbe. De la danse contemporaine douce à des passages beaucoup plus physiques, on va du voguing au pole dance en passant par l’épée… Et FKA twigs change de tenue à pratiquement chaque titre. Plus qu’un concert, c’est une perf artistique complète et découpée en trois actes.

On en prend plein la gueule pour pas un rond. Sa voix est au cordeau, même quand il faut aller chercher des notes suraigues proches du lyrisme. Pour donner une idée, imaginez un mélange des voix de Björk, Mylène Farmer et Madonna. Côté musique c’est immensément riche, et pour le live on est allés piocher un peu partout, même dans la house qui transpire ou la drum’n’bass. On est subjugué par le spectacle qui nous est offert.

Après un nouveau moment suspendu, après avoir pendu tout le public à ses lèvres, elle clôt ce concert d’anthologie sous une ovation méritée. La reine de cette édition, en tout cas pour nous.

On fréquentera quelques fois la scène Canopée : notamment pour voir Claude, dont les chansons et les explosions acid ne cessent de nous toucher live après live ; Dalí dont la voix berce autant que les arrangements qui l’accompagnaient ; SUBLIME LIVE, dont la deuxième édition a tenu toutes ses folles promesses de créativité (si vous cherchiez la jeunesse en fin de soirée vendredi, elle se trouvait ici) ; les Américains de fcukers qui ne perdent pas du tout de leur folle énergie bass et foutraque en passant du studio à la scène ; ou encore Miki, qu’on aurait voulu voir sur la Canopée, au lieu d’être à l’étroit sur la toute petite scène Think Tank.


On quitte cette édition de We Love Green 2025 sur les dernières notes du magnifique ‘Oh Baby’ par LCD Soundsystem. En étant presque déçus d’avoir échappé à la ‘malédiction We Love Green’. En effet, très peu de pluie et donc pas de déluge à déplorer (même si Parcels pourrait dire le contraire) alors qu’au fil des années, le festival avait enchaîné les intempéries.

Au fil du week-end on a été tour à tour a été bercés, surpris, parfois gifflés par la découverte, charmés par les élans de partage et par le frisson. Merci une nouvelle fois We Love Green : tu as été parfaitement BRAT, comme prévu.


Meilleur moment : FKA twigs, tu as un nouveau fanboy. Bouleversant

Pire moment : OK, on peut arrêter, à tout jamais, de se mettre torse nu dès qu’il fait un peu chaud. La sueur d’inconnu c’est rarement consenti