Miki, Superpoze, Zaho de Sagazan… Les sorties de la semaine

par | 3 10 2025 | news, en écoute

Le mois de septembre est terminé, l’automne est arrivé, place désormais aux sorties du mois d’octobre. Et il y en a beaucoup ! Cette semaine, au programme : la pop électronique de Miki, la version symphonique de l’album de Zaho de Sagazan, le rap de Guy2Bezbar, la pop-rock d’After Geography, la techno-house d’ÈBONY et le piano et l’électronique de Superpoze.

Superpoze – Siècle 

Superpoze a beau avoir réédité son premier album récemment, c’est bien ce quatrième long format qui exprime le mieux ce qu’est sa vie aujourd’hui : de longs moments de lecture en quête d’inspiration (Dernier Royaume de Pascal Quignard, notamment), des allers-retours en studio avec ses collègues artistes (Etienne de Crécy qui a prêté plusieurs de ses machines, Camille Delvecchio de Grand Blanc qui pose sa voix sur deux titres, Yndi Da Silva, alias Dream Koala jusqu’en 2021, qui joue de la guitare sur « Grosélia/Fragments ») et une réflexion permanente autour du son et des tensions possibles entre les harmonies au piano et les textures électroniques. 

On ne s’étonne donc pas d’apprendre que Siècle a failli s’appeler Ravages, tant le Français semble avoir été à la recherche d’idées chaotiques. Il privilégie les frictions, l’accumulation d’éléments disparates, heureusement reliés par des boites à rythmes chargées de dicter la cadence, de créer du lien entre ces huit morceaux au souffle cinématographique. […]

La suite de cet article à retrouver dans le Tsugi Magazine n°183

Par Maxime Delcourt

Miki – industry plant

Qualifiée d’ « industry plant »  par ses détracteurs après la sortie de son premier EP Graou, il y a un an, Miki a retourné l’insulte à son avantage. L’expression, souvent brandie contre des artistes — presque toujours des femmes — accusées d’avoir « percé trop vite », devient ainsi le titre revanchard de son premier album. 

Produit par Tristan Salvati (Angèle), LUCASV (Disiz, Luther) et Canblaster (Club Cheval), l’album déploie une pop électronique effrontée, porté par un parlé-chanté qui flirte parfois avec le rap. 

Derrière son apparente légèreté, Miki aborde sans filtre et avec autodérision des thèmes aussi intimes qu’universels. Ses textes aigre-doux évoquent les réseaux sociaux dans « Yes », le célibat dans « ça pik un peu quand même » mais aussi des sujets plus lourds comme la pédocriminalité, décrite comme un cauchemar moite dans « roger rabbit », et dans « cartoon sex » avec un sens de formule désarmant. On ne risque pas de s’en lasser. 

Par Gil Martel

Zaho de Sagazan – La symphonie des éclairs (Orchestral Odissey)

Qui n’a jamais vu Zaho de Sagazan en concert passe à côté de l’essentiel : une artiste profondément habitée, dont l’album prend toute sa dimension à travers la scène. Mais rassurons celles et ceux restés à distance, la chanteuse livre aujourd’hui “La symphonie des éclairs : Orchestral Odissey”, une relecture symphonique de seize morceaux, enregistré avec l’Orchestre National de Lyon dirigé par Dylan Corlay.

Le résultat : un conte sonore, structuré en quatre mouvements, entrecoupé par des plages instrumentales. Zaho de Sagazan y est théâtrale, poussant l’émotion jusqu’à la transe. Sa voix est fiévreuse sur “La fontaine de sang”, tendue et menaçante sur “Tristesse”, jusqu’à se briser dans “Le dernier des voyages”.

À noter la présence des ondes Martenot, seul instrument électronique de l’ensemble, sublimant “Les dormantes” ou “La symphonie des éclairs”, ce qui permet d’alléger par instant la densité orchestrale de l’album. Une expérience sonore à vivre au casque, mais aussi en live lors de sa tournée symphonique qui a lieu jusqu’en décembre.

Par Cecilia Cavassoni

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ÈBONY – Shades of Meridian

Suite à son premier album Union, ÈBONY revient avec l’EP futuriste Shades of Meridian, nourri des sonorités de la techno de Detroit, des polyrythmiques de la house de Chicago et des cadences mélodiques sud-africaines. 

Le morceau d’ouverture, « Break My Skin », porté par la voix éthérée de James Baley, s’élève sur une rythmique hypnotique qui semble distordre l’espace-temps, avant de se fondre dans la pulsation percussive de « Forever ». 

L’ensemble de l’EP plonge l’auditeur dans une transe où l’électronique organique tisse un dialogue entre énergie club et singularité des textures sud-africaines, confirmant la capacité du duo montréalais à se réapproprier les codes de la musique électronique. 

Par Gil Martel

Guy2Bezbar – Jeunesse dorée

2025 est une année chargée pour le rappeur du 18ème arrondissement de Paris. Après avoir sorti “Black House” en février dernier, Guy2Bezbar revient avec la mixtape “Jeunesse dorée”, entouré de SDM, Aya Nakamura, La Mano 1.9 ou encore Joé Dwèt Filé.

Dans les temps forts du projet, on retrouve “L’arène”, une intro rythmée par des ad-libs accrocheurs, « Big Mama » morceau drill produit par l’incontournable Flem et “Wagyu du Jap’”, qui convoque avec une certaine nostalgie la trap bien grasse de la fin des années 2000.

Mais Guy2Bezbar ne se contente pas de briller sur des prods clinquantes. Fidèle à sa polyvalence, il explore un registre plus intime avec des morceaux mélodieux comme “Je pense à toi” ou “Pourquoi?”. Sans révolutionner les codes et malgré quelques longueurs, “Jeunesse dorée” illustre la maîtrise d’un artiste sûr de ses forces, qui s’impose projets après projets, comme l’une des figures incontournables du rap français. 

Par Cecilia Cavassoni

After Geography – A hundred mixed emotions

Après deux maxis, un EP et une tournée de plus de 50 dates, After Geography signe son premier album : A Hundred Mixed Emotions. L’été s’achève, mais le groupe nous offre un dernier rayon de soleil avec une pop-rock lumineuse, à la fois rétro et moderne, puisant son inspiration chez les Beatles, Oasis ou encore Fleetwood Mac.

L’opus s’ouvre sur l’énergique « Hear Me Out », aux riffs de guitare puissants qui nous plongent d’emblée dans l’univers du groupe et annoncent la promesse annoncée par le titre : une traversée sonore riche en émotions. Parmi les douze titres, on retient la ballade « Over The Trees », moment le plus mélancolique de cette traversée sonore, l’envoûtante « LaLaLa Song » portée par ses violoncelles, ou encore « A Certain Elation », qui conclut l’album en apothéose sur un crescendo instrumental. Et, arrivé au bout, une seule envie : appuyer de nouveau sur play.

Par Gil Martel

Sparks – MADDER!

En mai sortait “MAD!”, le 28ème album des Sparks. Un titre faisant référence à la folie de notre époque et à la colère que cela peut inspirer. Depuis, on ne peut pas dire que le monde se soit vraiment amélioré alors les deux frères reviennent avec un nouvel EP intitulé logiquement “MADDER!”.

Quatre titres de rock alternatif et de synthpop qui forment une extension au précédent projet — les Sparks n’ayant pas opté pour l’option réédition (merci beaucoup). Si “Porcupine” et “Fantasize” sont moins marquants, “Mess Up” séduit par son énergie dansante et son refrain accrocheur.

Mais la vraie réussite de l’EP reste certainement “They”, morceau aérien porté par un synthé en progression et des riffs de guitare. Près de six décennies après le début de carrière, les frères Russell continuent de toucher juste.  

Par Cecilia Cavassoni

Équipe de foot – Small Talk

Équipe de foot aime brouiller les pistes, à commencer par leur nom, alors qu’ils ne sont que deux — Michael Martin et Alex Cabanac. Même ambiguïté pour le titre de leur quatrième album “Small Talk”, “conversation creuse” en anglais — soit quand vous croisez votre ex dans la rue. En réalité, le projet n’a rien d’une discussion vide.

“Small Talk” est un exutoire sur fond de rock. Il y est question de rupture amoureuse, de manque, mais aussi de guérison. Rien de plaintif, au contraire. Les deux Bordelais nous surprennent avec “Yes”, où s’entrelacent grosses guitares, chœurs, synthés et samples de flûtes, “Healing but no”, titre lumineux à la tournure épique, ou encore, “Melting White Fox”, morceau qui tranche par ses crissements noise rock.

L’album se finit par “Au revoir”, un piano qui nous laisse avec une sensation douce-amère : celle d’avoir vécu quelque chose d’intense et d’en ressentir déjà le manque. 

Par Cecilia Cavassoni