Arte et la société de production Sombrero & Co prennent les commandes du Ground Control dans le 12e arrondissement de Paris pour une émission musicale animée par le musicien français Christophe Chassol. Rencontre avec, cette fois Chassol, l’animateur TV.
Ce vendredi 28 octobre, Arte s’installe au Ground Control avec une émission au format inédit, qui alterne rencontres, discussions entre les artistes et bien évidemment des live. Un programme dont le format se veut volontairement différent, dans un paysage musical télévisuel qui peut parfois paraître un peu homogène. Aux commandes, on retrouve le compositeur français Christophe Chassol pour trois émissions. Lors de cette première, le musicien passe présentateur et reçoit La Femme, Yseult, QuinzeQuinze et Bonnie Banane. Elle sera diffusée ce soir à 23h25 sur Arte et d’ores et déjà disponible sur Arte Concert. Tsugi a pu poser quelques questions au chef d’orchestre de l’émission, Chassol, qui nous explique toutes ses particularités et ce qu’il en retire comme expériences.
On te connaît musicien, compositeur… Mais pas forcément animateur TV, pourquoi avoir choisi de passer de ce côté de l’écran ?
Cela fait déjà un petit moment que je suis passé de ce côté, si on peut dire. Depuis 2017, j’anime une émission de radio sur France Musique. J’aime beaucoup cette idée de transmettre quelque chose, de partager mes amours musicaux. Et on peut aussi dire que je suis un enfant de la télé, je suis né en 1976 et une bonne partie de ma culture provient de ce support. Là je parle aussi bien de navets, de séries, que de choses un peu plus pointues. La plus haute émission musicale dans mon panthéon personnel est « Young People’s Concert » de Leonard Bernstein.
« Cela m’a forcé à sortir de ma zone de confort et de toutes ces choses que j’écoute avec obsession. »
Que retires-tu de cette expérience en tant que présentateur ?
J’ai eu surtout de bonnes surprises. Je découvre énormément de choses que je n’écouterais pas habituellement, notamment des artistes ou des groupes à la limite de la variété. Cela m’a forcé à sortir de ma zone de confort et de toutes ces choses que j’écoute avec obsession. J’ai pu me mettre en phase avec des aspects de la musique auxquels je ne m’intéresse pas forcément. Cela m’a poussé à m’ouvrir. Je prépare mes interviews de façon rigoureuse, de la même façon que je le fais pour mes émissions à la radio d’ailleurs. Je creuse beaucoup en regardant les influences des artistes. Par exemple, j’ai découvert Elli & Jacno dans les influences de La Femme. Je n’avais jamais écouté ce groupe. C’est hyper kiffant de préparer toutes ces interviews et de faire toutes ces découvertes.

©Véronique Fel
L’émission repose sur un format très détendu, entre les live, on assiste à de réelles conversations entre les artistes et toi. Pourquoi avoir choisi cette façon de faire ?
C’est assez volontaire de ma part. Je pense que l’on m’a demandé d’animer cette émission aussi parce que je me comporte de la même façon dans la vraie vie et derrière l’écran. Ce que l’on fait là c’est un peu ce qui se passe quand on est en tournée ou en festival : on discute avec les artistes, on parle musique. J’essaye de faire la même chose pour cette émission. Cela permet aussi de ne pas opposer une discussion que l’on peut considérer comme « savante » et une discussion plus « populaire ». Je tente de désamorcer une sorte d’élitisme ou d’entre-soi qui peut parfois se créer. Je ne veux pas hiérarchiser les choses. Il faut que cela soit digeste pour les gens et pour cela il faut parler musique, tout simplement.
« Je trouve que la télévision prend peu de risques vis-à-vis de la musique. »
Que penses-tu de la manière dont la télévision traite la musique aujourd’hui ?
Il y a globalement très peu d’émissions musicales. Je vois des live qui sont à moitié des live puisqu’ils durent 1 minute 30 la plupart du temps. Je trouve que la télévision prend peu de risques vis-à-vis de la musique. Je vois une logique libérale et économique derrière la plupart des grands programmes qui sont diffusés. Il y a quand même quelques exceptions. Sur Arte, il y a eu l’émission de Manu Katché, « One Shot Not », qui était super bien. La programmation était très intéressante, il y avait des artistes que l’on ne voyait pas sur d’autres chaînes. Après, si moi-même je devais gérer la programmation d’une émission, j’aurais beaucoup de mal. C’est très dur de jongler avec tout ça. Mais Guillaume Sorge qui est à la programmation fait un super boulot et je n’aurais sûrement pas pu faire cet exercice ailleurs que sur Arte, qui est une chaîne qui me correspond particulièrement.

©Véronique Fel

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