C’est le dernier vendredi de novembre, et on conclut le mois en beauté. Au programme cette semaine : la nouvelle era de Paloma Colombe, la house complètement barrée de Mézigue, l’ambient grandiose de DNGLS, le jazz organique d’Ashinoa, l’album surprise de Sega Bodega, la pop indé et sombre de Kalika et l’androïde vocodé de Forever Pavot.

Paloma Colombe presents Dihya

Après s’être engagée pour les femmes dans le milieu de la fête avec « Réinventer la nuit », Paloma Colombe revient avec une compilation aux esthétiques musicales qui lui ressemblent — entre polyrythmies, percussions, bass music et techno. Si elle y signe son propre — et premier — morceau avec « Crash test », elle explore également la scène électronique 2.0 en invitant onze pointures du genre, toutes issues de minorités. Parmi elle :la productrice qui fusionne bass music, breakbeats, rap et rythmes club, Syqlone, ou encore la récente signature d’Ed Banger Records, Tatyana Jane. C’est franchement bad ass.

Mézigue – Apr7s

Petit trublionde la house française, Mézigue débarque avecApr7s, un album toujours aussi barré que les précédents, aux samples pour le moins éclectiques — on adore notamment retrouver les notes de « Qui a tué grand’maman » de Polnareff dans « Qui a Dub Maman ? ».

On note également le drôle d’enchaînement « A-BIENT 1 », « B-Bient 2 », « C-BIENT 3 » et on en passe, qui tente quelques bizarreries sonores, entrecoupées entre autres de deux collabs dansantes avec Mad Rey, d’un morceau — « Gagra » qui use avec humour du vocodeur à la Daft Punk et d’un son de rap bien énervé avec le très bon « Lego Dave du Shit ». Une chose est sûre, c’est burlesque, c’est tordu, mais ça vaut le détour.

DNGLS – La route des Alpes 1921

Commandé par la Scène Nationale du Lux à Valence pour un ciné-concert, La routes des Alpes a été conçu pour accompagner les images du film muet éponyme d’André Bayard, sorti en 1921. DNGLS déroule une bande-son immersive aux sonorités voguant entre electronica, ambient et IDM. À l’écoute, il est facile de s’imaginer la grandeur des paysages enneigés, soulignés par les envolées épiques de synthés. On a apprécié le voyage, merci.

Ashinoa – Un’altra Forma

Avec Un’altra forma, le trio lyonnais Ashinoa propose un album jazz et électronique particulièrement organique. Des bruits qui ressemblent à des Klaxons au début du titre éponyme, de l’eau dans « Keplerstraße » : le groupe mélange des sons qui semblent provenir d’une session de field recording à des passages psychédéliques et des instrumentations qui lorgnent parfois vers le rock — notamment sur « Moon of Feathers » — ou la bossa nova — dans « Monstera ».

Sega Bodega – I Created the Universe so That life Could Create a Language so Complex , Just to Say How Much I Love You

On vous en parlait la semaine dernière pour sa collab avec Shygirl, mais aujourd’hui, surprise : Sega Bodega sort un album qu’on n’a vraiment pas vu venir. Artiste fascinant tant il expérimente dans tous les sens, le producteur irlando-écossais réussit une fois de plus son coup en nous plongeant dans un univers sonore aérien qui nous donne parfois l’impression — notamment avec « Y Tu Mama Ambient » — d’être enroulés dans du coton tout doux. Il est très facile de vouloir s’y réfugier.

Kalika – J’ai pleuré

On l’a connue guerrière pop et poétesse trash, Kalika revient aujourd’hui en princesse désenchantée avec J’ai pleuré, un EP plus sombre que tout ce qu’elle a proposé jusqu’à maintenant. En sept ballades électroniques — sa collaboration avec Demon V ayant radicalisé sa musique —, elle raconte sa rupture, un viol qu’elle a subi, et sa perte de repères et d’identité, après une période de crises dissociatives.

Cet EP, c’est une transition, la tristesse avant la colère qui devrait imprégner le nouvel album à venir.Résultat : on a la sensation à la fois étrange et agréable d’être dans un roller-coaster, brinquebalés entre les émotions de la chanteuse, qui font parfois un peu (trop) écho aux nôtres.

Forever Pavot – MELCHIOR vol1

Nouvellement accompagné de son robot Melchior, Forever Pavot dévoile le premier album d’une probable série dédiée à ce fidèle compagnon. L’androïde prend le contrôle du projet, imposant sa patte robotique et sa voix vocodée sur les douze titres qui composent l’album, à grand renfort d’instruments, électroniques ou pas — ondioline et clavicorde en tête. Résultat : une pop indé spatiale, un peu barrée, à l’imagerie très cinématographique, qui nous séduit du premier au dernier titre.