Bagarre vient d’annoncer la fin programmée de son fougueux projet : 2025 sera la dernière année pour le groupe. Pour partir avec panache, le bande présentera son ultime EP Nous étions cinq en février, avant de boucler sur une tournée d’adieux. 

On se souvient tous de sa première fois à « Danser Seul« . On se souviendra peut-être encore plus de la dernière. Le verdict est désormais tombé, la sentence est irrévocable : la fureur de Bagarre résonnera une ultime fois en 2025 avec son EP Nous étions cinq et sa tournée d’au revoir. Le groupe l’a annoncé sur Instagram (voir post en bas de cet article).

Avec un denier disque inclassable qui sortira le 28 février, Bagarre partage toute son identité et son parcours atypique. Qu’est-ce qu’on peut déjà vous sur ce disque ? L’EP oscillera entre la transe mélancolique de « Lunettes Noires » et le banger féministe « Ring Ring ». Son ADN électronique est exalté par le remix envoûtant de « Ya Qalbi » d’Acid Arab et l’explosive « Tchupa », concentré d’énergie club. On parlera ici d’un adieu. Après la rage et la folie de la nuit, le groupe cède à ses émotions sur deux tracks dépouillés, « Peur de demain » et « Au revoir », ultime témoignage de leur sincérité touchante.

À lire également : Arrêtez tout : Bagarre fait son grand retour avec « On est les mêmes ».

De 2015 à 2020 Bagarre a vécu une ascension fulgurante, enflammant clubs et festivals. Pourtant, cette frénésie a fini par les épuiser. Après une tournée marathon, pour défendre sur scène son album 2019-2019, le groupe décide de faire une pause, initialement prévue pour trois mois. Mais la crise sanitaire les rattrape et rallonge d’un an ce repos forcé. Ce temps suspendu met le collectif face à de nombreux questionnements sur la poursuite du projet. Cette période aurait déjà pu signer son arrêt de mort, mais elle lui a permis de se réinventer sur un nouveau registre plus pop.

Avec son dernier album Le club c’est vous, le collectif français poursuit sa quête d’une musique libre, brute, et intensément physique. Refusant toute banalité ou répétition, ce nouvel opus s’éloigne de la fête débridée des débuts tout en restant ancré dans le plaisir du dancefloor. C’est un disque qui parle aux corps et aux âmes, à la tête et aux muscles, aux synapses et aux hormones. Cri du cœur, c’est une reconnexion plus profonde, sincère et entière avec son public après les heures sombres du confinement.

Le vent semble tourner à nouveau pour les membres du groupe. En décembre dernier, Emmaï Dee présente sur le label indé Bagarre un autre projet cette fois-ci 100% féminin. La fièvre de Bagarre se mue en un rugissement de femmes prête à en découdre. Liv Del Estal, Louisa Donna et Lulu Van Trapp s’invitent au casting pour mettre au monde le subversif et iconoclaste « Ring Ring ».

 

Voir cette publication sur Instagram

 

Une publication partagée par Nous sommes Bagarre (@_bagarre)

Le projet venant disjoncter les schémas traditionnels du monde de la musique a maintenant onze ans. Depuis ses débuts, Bagarre incarne une utopie, celle de mettre un pied de nez à l’industrie. Composé d’Emmaï Dee, La Bête, Majnoun, Denis Darko et Mus, le groupe a toujours mis un point d’honneur à fonctionner de manière horizontale. Cette philosophie a marqué leur trajectoire depuis leurs débuts underground, lorsqu’ils répétaient dans un studio improvisé au fond d’un parking du XIIe arrondissement de Paris. C’est là dans ce refuge souterrain, que le groupe a façonné son premier album, Club 12345, qui symbolise l’essence même de Bagarre : une horde créative, un clan soudé par un amour commun de la musique.

Le club des Cinq nous a laissé une lettre d’adieu. Nos yeux sont trop embrumés, on vous laisse le soin de la parcourir :

© BAGARRE – « Nous étions cinq »

« Il y a 11 ans on sortait notre 1ᵉʳ EP, « Bonsoir nous sommes Bagarre ». Le hasard de la vie a mis sur notre chemin la musique. Nous étions cinq cœurs à prendre, cinq cœurs battants pour trouver notre place dans ce monde. La musique nous a donné la liberté et le courage de nous dévoiler, et la chance de vivre un rêve. Elle nous a fait comprendre que l’amour est la seule chose qui vaut la peine d’être vécue, chantée, écrite, dansée, et qu’un monde sans musique est un monde sans espoir.

C’est grâce à cette utopie que nous sommes Bagarre. C’est grâce à notre sincérité que vous nous avez compris sur scène. C’est grâce à notre naïveté qu’on s’est lancé dans cette aventure sans réfléchir et sans retour. Nous l’avons vécue à fond, et c’est sûr, jamais nous ne revivrons la même chose dans aucun autre projet.

Nous voulons rester sincères et libres. Nous voulons aussi nous écouter tous les cinq, avant d’écouter la nécessité de courir après l’intermittence, les obligations brutales de l’industrie musicale ou l’impératif d’une carrière qui doit toujours croître au risque de disparaître. Mais nous avons aussi senti que les mots ne nous venaient plus, et que nos vies et nos horizons s’éloignaient. Parce que dix ans de groupe c’est dix ans d’une forme de couple que l’on a su tenir. Nous nous aimons encore, nous aimons la musique et la scène, mais nous ne voulons pas nous perdre, ni oublier pourquoi on a fait de la musique ensemble et la foi qu’on y a mis.

C’est pour cela que nous avons décidé d’arrêter Bagarre à la fin 2025 en vous offrant un dernier EP ‘Nous étions cinq’ et une tournée de bisous d’au revoir.

Bagarre c’est Emma, Mus, Thomas, Cyril et Arthur. Mais surtout l’histoire d’un public qui a cru en nous dès le début et qui nous a tout donné. Vous avez bouleversé nos vies, et grâce à vous, elles ne seront plus jamais les mêmes. »

 

À lire aussi sur tsugi.fr : L’Impératrice, suite et fin