Le Palace rouvrira ses portes fin 2026. Retour sur un lieu mythique qui a fait vibrer la nuit parisienne. 

Par Alexis Bernier et Cecilia Cavassoni

Après avoir été fermée pendant trois ans, la salle parisienne ouvrira à nouveau ses portes fin 2026, a annoncé Mickael Chétrit, à l’AFP. Le nouveau propriétaire du Palace, également détenteur du Palais des Glaces, a expliqué vouloir faire de l’ancien club une salle de concert. L’occasion de revenir, à travers cinq anecdotes, sur l’histoire de cet endroit né en 1912, et devenu tour à tour cinéma, music-hall, discothèque ou encore squat. Un récit qui s’entremêle avec d’autres ; celui de la communauté homosexuelle dans l’entre-deux-guerres, de l’hédonisme post-68, de la French Touch et du déclin des boîtes de nuit. 

Le meurtre du Palace 

Le 24 septembre 1933, Oscar Dufrenne, alors à la tête du lieu, est retrouvé à moitié nu, le crâne fracassé, enroulé dans un tapis de son bureau du Faubourg Montmartre. Dans les jours et années qui suivent, la presse se passionne pour le meurtre du directeur du Palace music-hall, homosexuel assumé et figure des nuits parisiennes. Comme le raconte l’historienne Florence Tamagne, autrice du livre Le crime du Palace, l’homophobie imprègne certains articles qui insistent sur la prétendue débauche de la victime, dont la vie intime et les spectacles, intégrant des danseuses dénudées, ont choqué le public puritain de l’époque. Le meurtre demeure irrésolu, le seul suspect ayant été acquitté au procès. Un verdict accueilli par les applaudissements du public. 

Du Club 54 au Palace 

En 1977, c’est Michel Guy, alors ministre de la Culture du président Giscard, qui suggère à Fabrice Emaer de racheter le bail du Palace, un music-hall laissé à l’abandon. Flamboyante figure de la nuit homosexuelle et propriétaire du club Le Sept, Emaer voulait lancer une grande discothèque sur le modèle du Club 54 à New York. Le 1er mars 1978, il ouvre la Palace qui entre immédiatement dans la légende avec un concert d’inauguration donné par Grace Jones, reprenant, notamment, « La vie en rose » de Piaf. 

Hédonisme post-68 

De 1978 à la mort de Fabrice Emaer en 1983, Le Palace entre dans l’histoire de la nuit avec ses lasers, ses dantesques fêtes costumées, les décors peints par Gérard Garouste, les mixes disco de Guy Cuevas et le journaliste « clochard » Alain Pacadis pour écrire sa légende. Dès son ouverture le Palace fut considéré comme le tombeau des rêves de 1968 et l’entrée dans les années 1980. Autant danser jusqu’au bout de la nuit, puisque le grand soir révolutionnaire n’est pas pour demain. 

L’émergence de la French Touch

Dans les années 1990, Cathy et David Guetta — le couple le plus en vogue de l’époque — reprennent le Palace. Une dernière danse sur fond de house portée par une nouvelle génération à la renommée bientôt internationale. Pedro Winter, Cassius, Bob Sinclar ou encore Guy-Manuel de Homem-Christo et Thomas Bangalter de Daft Punk feront vibrer le Fumoir, espace installé au premier étage de la boîte du Faubourg-Montmartre. Cela ne suffira pas à faire revivre l’âge d’or de la discothèque, puisqu’en 1995, le Palace ferme à nouveau ses portes. 

Fermeture des rideaux 

À l’aube des années 2000, les grilles du Palace sont fermées. L’aura clinquante n’est plus, au contraire l’ancien club est devenu une belle épine dans le pied pour ses propriétaires emmêlés dans des soucis financiers et judiciaires. Le Parisien qui visitera l’endroit en 2004 décrit “un parquet usé, un plafond qui tombe”. Mais dans cette désuétude, un collectif composé de clowns, musiciens, peintres et acrobates s’empare du lieu pour en faire un “espace d’expression libre”. Ce squat plus ou moins autorisé durera un temps, jusqu’à ce que la nature — ou plutôt la préfecture — reprenne ses droits. En 2008, le Palace est racheté pour devenir un théâtre.