« Ne laissons pas l’IA tuer la création musicale » : 450 pros de la musique se mobilisent

par | 26 05 2025 | news, A la une

Ce 25 mai une tribune est publiée dans les pages de Libération. Dans une pétition signée par plus de 450 artistes et acteurs du secteur, pour une bonne partie indépendants, l’IA générative est accusée de tuer la création. On s’en parle. Artistes et professionnels de la musique appellent ce 25 mai, dans une tribune publiée dans Libération, à ne pas « se satisfaire d’un laisser-faire technologique » et réclament « la mise en œuvre d’un plan de sauvegarde de la création musicale humaine ».

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  Cet appel vise principalement à protéger les indépendants, en première ligne face à ce nouveau phénomène. 80 % des nouveautés proviennent de ces acteurs, souvent issus de petites structures. L’offre mondiale est indissociable de la vitalité de cette scène locale — vivier de « notre valeur sur le marché mondial, notre investissement productif, nos emplois, notre identité culturelle, notre soft power ». Cette fragilité entame la capacité et la motivation à faire émerger de nouveaux artistes : une balle tirée dans le pied de la créativité.

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L’industrie musicale monte au créneau. Il y a quelques années encore, le piratage était son principal cheval de bataille. Aujourd’hui, un nouvel ennemi est dans le viseur : l’IA générative, qui pille le travail des artistes pour, en plus, leur créer une concurrence déloyale. La fragilité du secteur musical est un secret de polichinelle. Les difficultés structurelles engendrées par les revenus numériques sont indéniables. Il n’y a qu’à voir ce que rapporte un stream : entre 0,003 $ et 0,005 $ par écoute sur Spotify ; et autour de 0,013 $ sur TIDAL. Avant l’essor de l’IA générative, on comptait déjà en moyenne 150.000 nouveaux titres mis en ligne chaque jour. L’ouverture des serveurs à l’intelligence artificielle n’a fait que décupler ces chiffres — de manière exponentielle.

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Alors que Bruxelles commence à se saisir du sujet, artistes, producteurs et distributeurs tapent du poing sur la table pour « préserver l’édifice au bénéfice de la culture ». Ils appellent :  « En amont, l’entraînement des modèles d’IA générative doit se faire dans le respect de la transparence et sous condition de rémunération des ayants droit (par la négociation de licences individuelles ou par la gestion collective), dès lors que ceux-ci n’ont pas exercé leur droit d’opposition (opt-out). »  « En aval, nous appelons les plateformes à faire preuve de volontarisme pour éradiquer les contenus 100 % IA qui diluent la valeur de la musique. C’est l’attractivité même du modèle du streaming musical qui est en jeu, et que l’afflux de contenus “parasites” ne ferait qu’éroder. » Parmi les signataires, on trouve Jean-Michel Jarre, Pedro Winter, Vitalic, Molécule, Léonie Pernet, Flore Morfin, La Mverte mais aussi We Love Green, Radio France ou encore l’Adami. Dans la pétition, leur engagement est clair :

  • « Jouer un rôle actif dans la défense de la souveraineté culturelle européenne » ;
  • « Contribuer à l’amélioration des recommandations algorithmiques en fournissant des métadonnées certifiées, dans le cadre d’un modèle n’excluant aucun acteur » ;
  • « Préserver l’émergence de nouveaux genres et la diversité esthétique » ;
  • « Préserver le patrimoine enregistré depuis des décennies. »

Pour retrouver l’ensemble des revendications, la pétition et la liste des signataires sont disponibles ici.

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